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La méditation selon Krishnamurti

 

"MORCEAUX CHOISIS" par Hélène Pény


In « Le Livre de la méditation et de la vie »
Krishnamurti Foundation of America Ojai, California USA, 1995
Editions Stock, 1997, pour la traduction française


LA MEDITATION
P. 388

« Ce qu’il faut tout d’abord, c’est avoir conscience du penseur…Le penseur, c’est l’entité psychologique qui a accumulé une certaine expérience sous forme de savoir ; il est ce centre, tributaire du temps, qui est le résultat de l’influence perpétuellement fluctuante de tout ce qui l’environne, et c’est à partir de ce centre qu’il regarde, écoute, vit des expériences …

Dans la méditation, il ne doit pas y avoir de penseur, ce qui signifie que la pensée doit cesser d’exister - la pensée qui jaillit sous l’impulsion du désir d’accéder à un résultat… La méditation n’est pas isolée de la vie. Quand vous êtes au volant, ou dans un autobus, quand vous bavardez sans but particulier, quand vous marchez seul dans un bois, ou quand vous regardez un papillon porté par le souffle du vent - prêter à toutes ces choses une attention sans choix fait partie de la méditation. 

CONNAITRE TOUT LE CONTENU D’UNE PENSEE
P. 389

N’être rien est le commencement de la liberté. Donc, si vous êtes capable de percevoir, d’approfondir cela, vous vous apercevrez, à mesure que votre conscience s’affine, que vous n’êtes pas libre, que vous êtes lié à une multitude de choses diverses, et qu’en même temps votre esprit nourrit l’espoir d’être libre. Et vous constaterez que ces deux tendances sont contradictoires. Il faut donc que l’esprit examine pourquoi il s’accroche aux choses. Et c’est une rude tâche… Cela suppose un réel travail, de chaque jour, chaque heure, chaque minute…

… votre femme, votre mari, votre fils, votre voisin, vos dieux, vos religions, votre tradition. Tout cela vous entrave, mais c’est vous qui en êtes responsable, car vous voulez la sécurité. Et l’esprit qui cherche la sécurité ne la trouvera jamais. Si vous avez quelque peu observé le monde, vous savez bien que la sécurité n’existe pas. … La vie n’est pas statique, car toute vie est mouvement. … Alors vous verrez, à mesure que vous commencez à explorer, que cela est réellement un processus de méditation.

Mais ne vous laissez pas hypnotiser par ce mot. Avoir conscience de chaque pensée, savoir quelle en est la source, et quel en est le but - voilà ce qu’est la méditation. Et connaître une seule pensée dans tout son contenu suffit à dévoiler l’ensemble du mécanisme de l’esprit.

ALLUMER LA FLAMME DE LA CONSCIENCE DE SOI
P.390

Si vous trouvez difficile d'être conscient des choses, alors faites l'expérience de noter chaque pensée, chaque sentiment qui naît en vous tout au long de la journée ; notez vos réactions de jalousie, d'envie, de vanité, de sensualité, les intentions cachées derrière les mots, et ainsi de suite...

Si vous notez ces choses chaque fois que vous pouvez, et que le soir, avant de dormir, vous relisez les notes de la journée, en étudiant les faits, en les examinant sans jugement ni condamnation, vous commencerez à découvrir les racines cachées de vos pensées, de vos sentiments, de vos désirs, de vos paroles...

Le fait de noter ce que l'on pense et ressent, ses désirs, ses réactions, fait éclore une conscience intérieure, donne lieu à une coopération entre conscient et inconscient, et tout cela devient à son tour un facteur d'intégration et de compréhension.

LE PROCESSUS DE LA MEDITATION
P. 391

La méditation est le commencement de la connaissance de soi, et sans la méditation, il n'est point de connaissance de soi...»


In « Se libérer du connu »,
Krishnamurti Foundation Londres
Edititions Stock 1969,1970,1977,1991,1993,1994 pour la traduction française

P.116
« La méditation ne consiste pas à suivre un système ; ce n’est pas une constante répétition ou imitation ; ce n’est pas une concentration. Une des méthodes favorites de certaines personnes qui enseignent la méditation est d’insister auprès de leurs élèves sur la nécessité de se concentrer, c’est-à-dire de fixer leur esprit sur une pensée et d’expulser toutes les autres. C’est la chose la plus stupide, la plus nocive que puisse faire n’importe quel écolier, lorsqu’on l’y oblige. Cela veut dire que pendant tout ce temps on est le lieu d’un combat entre la volonté insistante de se concentrer et l’esprit qui vagabonde, tandis qu’il faudrait être attentif à tous les mouvements de la pensée, partout où elle va. Lorsque votre esprit erre à l’aventure, c’est que vous êtes intéressé par autre chose que ce que vous faites.

La méditation exige un esprit étonnamment agile ; c’est une compréhension de la totalité de la vie, où toute fragmentation a cessé, et non une volonté dirigeant la pensée. Lorsque celle-ci est dirigée, elle provoque un conflit dans l’esprit mais lorsqu’on comprend sa structure et son origine – que nous avons déjà examinées – elle cesse d’intervenir. Cette compréhension de la structure de la pensée est sa propre discipline, qui est méditation.

La méditation consiste à être conscient de chaque pensée, de chaque sentiment ; à ne jamais les juger en bien ou en mal, mais à les observer et à se mouvoir avec eux. En cet état d’observation, on commence à comprendre tout le mouvement du penseur et du sentir. De cette lucidité naît le silence …

La méditation est un état d’esprit qui considère avec une attention complète chaque chose en sa totalité, non en quelques unes seulement de ses parties. Et personne ne peut vous apprendre à être attentifs. Si un quelconque système vous enseigne la façon d’être attentif, c’est au système que vous êtes attentifs, et ce n’est pas cela, l’attention.

La méditation est l’un des arts majeurs dans la vie, peut-être ‘’l’art suprême’’, et l’on ne peut l’apprendre de personne : c’est sa beauté. Il n’a pas de technique, donc pas d’autorité. Lorsque vous apprenez à vous connaître, observez-vous, observez la façon dont vous marchez, dont vous mangez, ce que vous dites, les commérages, la haine, la jalousie – être conscients de tout cela en vous, sans option, fait partie de la méditation.

Ainsi la méditation peut avoir lieu alors que vous êtes assis dans un autobus, ou pendant que vous marchez dans un bois plein de lumière et d’ombres, au lorsque vous écoutez le chant des oiseaux, ou lorsque vous regardez le visage de votre femme ou de votre enfant.

Comprendre ce qu’est la méditation implique l’amour : l’amour qui n’est pas le produit de systèmes, d’habitudes, d’une méthode. L’amour ne peut pas être cultivé par la pensée ; mais il peut - peut-être - naître dans un silence complet en lequel celui qui médite est entièrement absent. Un esprit ne peut être silencieux que lorsqu’il comprend son propre mouvement en tant que penser et sentir, et, pour le comprendre, il ne doit rien condamner au cours de son observation.

Observer de cette façon est une discipline fluide, libre, qui n’est pas celle du conformisme. »


In "Cette lumière en nous - la vraie méditation -"
Krishnamurti Foundation Trust Ltd., 1999, Brockwood Park, Bramdean, Hampshire S024 OLQ, Angleterre
Editions Stock, 2000, pour la traduction française

P.8
"Il faut être à soi-même sa propre lumière... là est la vraie liberté. Etre authentiquement libre, c'est être affranchi de toute dépendance, de tout attachement, de toute soif d'expérience. Etre à soi-même sa propre lumière, c'est s'être dégagé des structures mêmes de la pensée...

P.13
Il faut comprendre sans ambiguïté que la méditation ne consiste pas à contrôler, à discipliner la pensée, car celui qui veut discipliner la pensée en est lui-même un fragment, une parcelle.

P.16
Lorsque vous vous concentrez, que vous marchez, ou que vous pensez en restant axé dans une direction définie, il n'y a plus d'espace au sein de votre esprit. Il en va de même quand les attachements, les peurs, la quête du plaisir, la soif de pouvoir, de réussite sociale vous encombrent l'esprit : celui-ci étouffe, il manque d'espace. L'espace nous est absolument nécessaire et dès lors qu'il y a attention véritable, il n'y a plus ni direction, ni voie à suivre, mais il y a l'espace.
La méditation suppose l'absence totale de mouvement. Ce qui signifie que l'esprit est dans l'immobilité absolue, il ne suit aucune direction précise. Il n'y a pas de mouvement - le mouvement étant le temps et la pensée...

La méditation vécue au quotidien n'est autre que la transformation de l'esprit, c'est une révolution psychologique qui fait que l'existence quotidienne telle que nous la vivons - et il ne s'agit pas là de théorie, d'idéal, mais du vécu de chacun des instants de notre vie - est pleine de compassion, d'amour, et de l'énergie nécessaire pour transcender toute forme de médiocrité, de petitesse, de superficialité...

P.28
Comprendre la vie, et la portée extraordinaire de la mort : c'est cela la méditation...

P.33
Etre vertueux, c'est connaître la nature du désordre, qui n'est autre que l'ensemble de nos contradictions internes, des divers plaisirs, désirs et ambitions qui nous tyrannisent, de l'avidité, de l'envie et de la peur qui nous hantent. Telles sont les causes du désordre, en nous comme en dehors de nous...

L'ordre est synonyme de beauté... Et l'ordre ne peut régner qu'en l'absence totale d'égocentrisme, lorsque le "moi" n'a plus aucune importance. L'abolition du "moi" fait partie de la méditation - c'est la seule méditation digne de ce nom...

Nous devons mourir à tout ce que nous connaissons... Se libérer du connu, se délivrer de ses souvenirs...
Nous avons accumulé tant de choses, non seulement des livres, des maisons ou des avoirs en banque, mais aussi des objets intérieurs - le souvenir des injures, des flatteries, de nos expériences particulières, de nos succès névrotiques, garants de notre rang social. Il faut mourir à tout cela sans discussion, sans argumentation, sans crainte - il faut juste lâcher prise. Cette démarche psychologique - car il ne s'agit pas d'abandonner votre femme, votre mari, vos enfants, votre maison ou votre garde-robe, il s'agit d'une attitude intérieure -, cette démarche consiste à n'être attaché à rien. Il y a en cela une immense beauté. En définitive, c'est cela l'amour, ne croyez-vous pas ? L'amour, ce n'est pas l'attachement. L'attachement va de pair avec la peur. Et la peur vire fatalement à l'autoritarisme, à la possessivité, à la domination tyrannique.
Méditer, c'est comprendre la vie, en d'autres termes, c'est l'avènement de l'ordre. L'ordre, c'est la vertu, c'est à dire la lumière. Cette lumière ne peut jaillir de nul autre que vous...

Il faut mourir à tout ce que l'on a en soi ! Alors... on peut aller au-delà de soi-même. Ce qui signifie que l'esprit, ayant acquis un ordre qui n'est pas né de la pensée, devient alors totalement silencieux et tranquille - naturellement, sans contrainte ni discipline...

P.40
Méditer, c'est se libérer du connu, c'est-à-dire de la mesure. Dans cette méditation est un silence absolu.
Alors dans ce silence, et en lui seul, est enfin l'innomé.

P.70
De la cellule la plus minuscule jusqu'à l'homme - l'homme et toutes ses invention, ses illusions, ses superstitions, ses querelles, ses guerres, son arrogance, sa vulgarité, ses immenses aspirations et ses dépressions profondes - , quelle est la source originelle de tout cela ?
La vraie méditation, c'est la rencontre de cette source, mais pour cela, il faut que vous - que votre "moi" - soit absent. Dans ce silence, dans ce calme, dans cette tranquillité totale, y a-t-il un commencement ? ...
Existe-t-il quelque chose qui échappe à toute manifestation, et n'ait pour cette raison même ni commencement ni fin ? ...
Y a-t-il quelque chose qui transcende le temps ? ...
Il est un fait que jamais nous ne voyons que la vie, notre propre vie, est un formidable mouvement, d'une amplitude et d'une profondeur immenses... la vie est ce qu'il y a de plus sacré au monde...
Voilà donc ce qu'est la méditation - elle ne consiste pas à s'asseoir en tailleur, ou à rester en équilibre sur la tête, ou que sais-je encore, mais à ressentir le caractère holistique et l'unité absolue de la vie. Mais cela ne peut advenir qu'en présence de l'amour et de la compassion.

P.77
... si l'on veut se lancer dans une méditation très profonde, nous devons être attentifs à nos sens... Lorsque les sens sont pleinement en éveil, pleinement épanouis, alors le corps devient extraordinairement tranquille.

P.94
Cet état d'attention dans lequel le "moi" est tout à fait absent, c'est cela, la vraie méditation. Car dans cet état, il n'y a pas de direction précise, ni de limites précises imposées par la pensée à l'attention. L'attention suppose un esprit dénué de tout désir d'acquérir ou d'atteindre quelque chose, d'arriver quelque part, d'être quoi que ce soit. L'attention,... c'est un état d'esprit dans lequel la notion d'intention, de vouloir, est tout à fait hors de question...

La méditation consiste à vivre au quotidien en bannissant toute notion de contrôle...

Si votre esprit est capable d'observer ce qui est, sans le nommer, sans l'enfermer dans un cadre ou une catégorie, sans vous épuiser vainement à le fuir, si vous pouvez regarder ce qui est sans l'observateur - qui est le passé - et sans que votre regard soit celui du passé, alors vous êtes totalement libéré du passé.

P.123
La méditation, c'est donc cette qualité d'attention et de silence total qui envahit l'esprit...
La méditation, c'est cette chose qui s'appelle l'amour, c'est être affranchi de la mort, c'est la liberté d'affronter les événements en étant absolument seul...

P.137
...la vraie méditation : cette démarche d'investigation de l'ego, la conscience de soi, et la connaissance de tous les problèmes, de tous les désirs, des influences, des conflits et des souffrances qui sont les nôtres. Cette prise de conscience ne peut se faire que si vous observez vos réactions au sein de chaque relation... ce n'est qu'en situation de relation que toutes vos réactions s'expriment...

P.153
Notre conditionnement fait que nous acceptons l'autorité... Dans toutes les questions d'ordre spirituel... toute forme d'autorité doit être exclue...

Lorsque vous serez libéré de tous les maîtres, de tous les enseignements, votre esprit apprendra vraiment. Alors l'énergie sera là, la passion de découvrir brûlera en vous...

P.182
Existe-t-il une chose qui ne procède pas du temps, mais qui soit un espace sans frontière, un espace immense, illimité ?...
Seule cette chose est sacrée, et si l'esprit l'a rencontrée, sans l'avoir demandé, c'est parce qu'il est vide, absolument vide. Et seul ce qui a cette vacuité peut être le théâtre d'un avènement nouveau."